Renouveler le bâti et l'art de vivre en coeur de ville

DAH, Saint-Donat, requalification d'un bien en cœur de ville

DAH, Saint-Donat, requalification d'un bien en cœur de ville

Réinventer, réhabiliter les villes et les quartiers aux côtés des collectivités locales, c’est l’un des métiers de Drôme Aménagement Habitat. Cet opérateur public de l’habitat met notamment son expertise au service de la restructuration de patrimoines anciens dans des centres-bourgs ou petites villes. Tandis que la revitalisation de ces lieux de vie tend à se renforcer face à l’extension de l’urbanisation, comment mieux connaître ces projets complexes ? Quels défis représentent-ils dans l’art de bâtir et dans l’art d’habiter ? Eclairage de Samuel Coppel, directeur du Pôle Immobilier et Aménagement à Drôme Aménagement Habitat.

Publié le 25 avril 2023

Quelle place pour les projets de restructuration dans votre activité ?

Samuel Coppel : Depuis dix ans, Drôme Aménagement Habitat mène des opérations de restructuration de bâtis, notamment dans des petites villes ou bourgs-centres, et cela représente 25% de notre offre nouvelle. Cette activité répond à une volonté des politiques publiques de redonner vie à des lieux qui souffrent de désaffection, en particulier quand ils ont une valeur patrimoniale. Pour autant, ces opérations restent singulières par leur complexité, leur coût et leur délai de réalisation. 

Nous intervenons à la demande de communes pour répondre à des besoins identifiés dans les études urbaines. Un des modèles économiques consiste à mener la réhabilitation dans le cadre d’un bail emphytéotique pour réduire les coûts liés à l’achat du foncier et maintenir l'équilibre économique des opérations complexes. Ce n’est pas systématique. Par exemple à Romans sur Isère, nous avons acheté le bien. Dans tous les cas, le projet bénéficie de subventions publiques.

DAH, îlot du Mouton, Romans-sur-Isère

DAH, Romans-sur-Isère, Résidence de Loulle

A quelles compétences font appel ces projets ?

Samuel Coppel : Au départ, l’idée de réhabiliter le patrimoine et d’offrir de nouveaux logements fait consensus. En pratique, ces travaux se déroulent sur une dizaine d’années et les sources d’aléas sont nombreuses. Notre rôle est de mener à bien la livraison des logements avec les risques liés à ce type de chantier. Nous intervenons sur l’existant tant pour le développement de logements sociaux, dont on assure la gestion, que pour l’aménagement d’espaces communaux pour le compte des collectivités.

Nous avons développé des compétences en matière d’ingénierie publique au service de projets complexes, et notre pôle immobilier s’est étoffé ces dix dernières années. En interne, ces opérations représentent des défis avec un attrait singulier, tant chacune est unique. Les nouveaux collaborateurs découvrent parfois cette partie-là de notre activité. Dans les projets, nous faisons aussi appel à des entreprises avec une technicité particulière, localement tant que c’est possible car moins d’expertises sont disponibles que dans le neuf. Nous œuvrons régulièrement aux côtés des Architectes du patrimoine.

Comment ces projets répondent-ils aux besoins des usagers ?

Samuel Coppel : La programmation des travaux menés concerne des logements sociaux, à l’exception des rez-de-chaussée qui peuvent être dédiés à des commerces ou équipements publics. Cela rejoint le choix des communes de maintenir des services en centre-ville et d’améliorer la qualité de vie des habitants.

La valeur patrimoniale des bâtis est un élément clé de la décision de transformer l’existant.

Quand on intervient sur ces projets pour les transformer, on se demande aussi et surtout comment vont vivre les occupants demain dans ces logements, situés en centres-bourgs ou petites villes.

Un besoin clé des usagers par exemple concerne le fait d’inclure des extérieurs dans ces logements alors même que la configuration en centre-ville/bourg ne s’y prête pas toujours. Cela passe par la pose de balcons privatifs ou l’aménagement d’une cour centrale. A St-Paul des Trois Châteaux par exemple, nous avons créé 13 logements dans un ensemble d’immeubles datant du XV° au XIX° siècle. Un volume a été restauré et un jardin public aménagé en cœur d’îlot, avec mise en valeur des éléments d’intérêt patrimonial et historique. En partie Nord, des éléments bâtis ont été démolis pour amener l’éclairement naturel aux logements, aménager des jardins/patios privatifs ou des balcons en étages.

DAH, Saint-Paul-des-Trois-Châteaux, Résidence îlot Juiverie

Dans ces centres urbains en territoire rural, la demande concerne des logements avec des espaces ouverts et la possibilité de se promener, de gagner des espaces verts à proximité. Le besoin concerne aussi l’accès à des locaux communs. A Saint-Donat sur l’Herbasse, tous les logements créés avec la transformation d’une ancienne maison de famille, disposent d’une cave et d’un local vélo. Pour ce qui est du stationnement, les places sont souvent regroupées en limite de centres-bourgs/villes, et cela bouscule des habitudes qui consistent à garer sa voiture au pied de chez soi.

Requalification patrimoniale

DAH, Saint-Donat sur l'Herbasse,
Résidence Chancel-Lemonon

Les compromis sont au cœur de ces projets atypiques…

Samuel Coppel : L’histoire, l’architecture font la richesse de ces lieux de vie. La résidence de Loulle à Romans sur Isère par exemple, comporte des bâtis allant du 13è au 20è siècles avec un ancien hôtel particulier, une ancienne maison de l’Armillerie, et la Maison du Mouton inscrite au patrimoine historique. Les travaux en cours permettront à ces logements de bénéficier de grandes fenêtres, et les séjours de baies toute hauteur. La résidence comportera des duplex. Cet exemple témoigne d’une conception qui allie confort et identité patrimoniale. Pour autant par la présence de marches d’escalier par exemple, cet habitat atypique n’est pas accessible à tous.

Par ailleurs, la réhabilitation de ces patrimoines recherche un impact environnemental optimisé notamment par la réutilisation des sols et matériaux en place. Dans cette logique, elle s’adapte aussi aux réseaux d’eau et d’énergie urbains existants. Nous développons parfois des solutions sur mesure. A Die par exemple, dans la résidence Blagnac, les caves voûtées du sous-sol ont permis d’installer une chaufferie collective aux bois granulés. En complément, ces projets intègrent systématiquement un volet isolation pour améliorer le confort thermique des logements, même si les niveaux de performance n’atteignent pas ceux du neuf. L’installation d’équipements économes en eau se renforce aussi.

Ce type de projets fait évoluer les pratiques et requiert une approche globale de leur performance, en lien avec l’évolution des usages, des modes de vie. C’est un écosystème d’acteurs qui évolue avec ces transformations.

Suivez-nous
Découvrez les actualités du logement social avec la newsletter DELPHIS

En vous abonnant à notre newsletter, vous acceptez notre politique de stockage de vos informations personnelles (email).