Digital deconstruction accompagne la déconstruction sélective pour favoriser le réemploi et le recyclage à haute valeur ajoutée de matériaux issus du bâtiment. Ce projet R&D européen (2019-2023) vise à mettre au point un outil d'aide à la décision permettant d'élaborer des stratégies durables. Co-financé par le programme européen Interreg North-West Europe, il est mené par un consortium de 14 acteurs dont Vilogia.
Concept
Digital deconstruction s'appuie sur l'utilisation d'un équipement mobile existant, qui permet lors d'une visite sur site, de scanner en 3D un bâtiment à déconstruire, sans perte ni détérioration.
La plus-value de Digital deconstruction est de développer un logiciel open source intégré. Ce développement, initié en octobre 2021, débouchera sur la livraison d'un prototype en septembre 2023.
Ce logiciel doit permettre de :
- reconstituer une maquette BIM du bâtiment,
- estimer le potentiel de réemploi ou recyclage des différents matériaux (nature, volume et débouchés potentiels) grâce à l'intelligence artificielle,
- tracer chaque matériau déconstruit grâce à la technologie de la blockchain.
Avec Digital deconstruction, la maîtrise d'ouvrage et toute l'équipe projet disposeront d'un avatar numérique du bâtiment, consultable à distance, associé à un inventaire des matériaux et à un diagnostic ressources.
Expérimentation
Le projet européen Digital deconstruction prévoit une utilisation de données réelles pour soutenir le développement du logiciel. L'objectif est de confronter les résultats du diagnostic de Digital deconstruction à l'analyse d'expert pour évaluer la fiabilité de l'outil. Pour cela, cinq bâtiments pilotes à déconstruire, servent de test de l'outil digital en conditions réelles. L'un d'eux est un immeuble d'habitation collectif, composé de 16 logements, à Lomme (Nord, Hauts-de-France) géré par le bailleur social Vilogia.
Audit visuel
A Lomme, le diagnostic ressources du bâtiment à déconstruire a été mené par Neo Eco, après un audit visuel en octobre 2021. Celui-ci a permis de mesurer et quantifier certains éléments de gros et de second œuvre (murs, cloisons, sols, plafonds) et d'identifier leur potentiel. Les possibilités de gestion ont été classées par priorité : réemploi, recyclage puis valorisation énergétique ou enfouissement.
Audit numérique
En 2022, une mise en œuvre de Digital Deconstruction a permis d'obtenir un diagnostic ressources, en miroir de celui du bureau d'études. Résultat des courses à date : le diagnostic de Digital deconstruction doit continuer son amélioration. La prise en compte des déchets dangereux doit être mieux intégrée.
Une synthèse du diagnostic de Digital deconstruction est d'ores et déjà consultable au travers d'une visualisation numérique du bâtiment, dans laquelle on peut naviguer. Chaque élément est caractérisé : nature, volume, potentiel (réemploi, recyclage).
Illustration ici : en vert : matériau réemployable ; en jaune : matériau recyclable ; en rouge : déchet.
Focus sur la Meta
Après le diagnostic ressources, et avant d'engager tout chantier de déconstruction, il faut identifier les filières et entreprises de valorisation (réemploi, recyclage, etc.). C'est là qu'un projet comme La Meta, dont Vilogia est également partie prenante, joue son rôle.
La Meta, c'est une nouvelle plateforme physique d’économie circulaire à l’échelle de la Métropole Européenne de Lille. Son organisation économique et administrative est née en 2018 d'un rapprochement de différents acteurs au sein d'un Groupement d’Intérêt Economique : Vilogia, Lille Métropole Habitat et Terre d’Opale Habitat, en partenariat avec la ville de Roubaix, la MEL, l’ANRU et l’EPF.
La construction de la Meta sur une friche industrielle de la ville de Roubaix commencera en janvier 2023. Elle inclura notamment un site industriel pour le réemploi et le retraitement des matériaux, et un pôle de commercialisation avec site de revente ouvert aux entreprises et aux particuliers.
La Meta a vocation à accompagner 3 200 démolitions sur 10 ans sur le territoire de la Métropole Européenne de Lille, dans le cadre des opérations de renouvellement urbain. Les logements démolis deviennent ainsi une mine urbaine locale de matériaux, qui pourront être réutilisés par les acteurs du BTP. Les prévisions estiment que 90% des matériaux déconstruits, soit 350 000 tonnes de matériaux, pourront être récupérés et valorisés avec la plateforme, permettant une baisse de 15% sur les coûts matières. Cette valorisation évitera également les émissions de CO2 liés à ces matériaux et à la rotation des poids lourds en tissu urbain dense. La plateforme crée aussi dès aujourd’hui, les emplois de demain dans le secteur de l’économie circulaire : 116 emplois directs et 60 emplois indirects.
