Avec l'Ademe
"Réemployer, réparer, réutiliser, recycler" pour transformer nos déchets en ressources : un volet essentiel de l'économie circulaire, complémentaire d'une incitation croissante à "éviter" (ou réinventer) en consommant et produisant autrement. A l'occasion de la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets 2022, ethis partage avec vous des initiatives concrètes de bailleurs sociaux engagés dans une réduction des déchets de chantier, et dans l'accompagnement des locataires pour améliorer la gestion des déchets ménagers.
Contexte
En France, la Loi AGEC (loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire de février 2020) fixe des objectifs qui concernent notamment la réduction des déchets et leur revalorisation.
Quelques échéances :
- 2025 : plus de 65 % de déchets (non dangereux non inertes) faisant l'objet d'une valorisation matière
- 2030 : moins de 15 % de déchets ménagers et assimilés produits par rapport à 2010
Ces objectifs soutiennent une indispensable diminution de la mise en décharge et la hausse du réemploi, réutilisation, recyclage. Et d'ailleurs, quelles différences entre ces différentes actions ?
- Le réemploi est une opération qui permet à des biens, qui ne sont pas des déchets, d’être utilisés à nouveau. Sans qu’il n’y ait de modification de leur usage initial : une porte reste une porte.
- La réutilisation est une opération qui permet à un déchet d’être utilisé à nouveau en détournant éventuellement son usage initial : une porte devient une table.
- Le recyclage est l’opération par laquelle la matière première d’un déchet est utilisé pour fabriquer un nouvel objet : une porte est transformée en fibre de bois pour l’isolation.
Pour parvenir aux objectifs, la Loi Agec impose de nouvelles obligations réglementaires. Citons par exemple, la création d'une nouvelle filière REP (Responsabilité Elargie du Producteur) dans le bâtiment, pour mieux gérer les déchets qui en sont issus, et aussi des mesures pour mieux informer le consommateur (consignes de tri, affichage environnemental...) pour favoriser une évolution des comportements. Au-delà de la réglementation, toutes les initiatives volontaires en matière de lutte contre les gaspillages, d'allongement de la durée de vie des produits ou de réutilisation des matières permettent de réduire notre consommation de ressources et notre empreinte environnementale. Ces initiatives portent également des bienfaits sociaux et économiques, qui concourent au développement durable des territoires et à un cadre de vie plus agréable.
Réduire les déchets de chantier
Les secteurs du bâtiment et des travaux publics génèrent 70% des déchets en France. Si l’objectif réglementaire actuel (Loi TECV) est de valoriser 70% des déchets de chantier, ce taux s’élèvera d’ici quelques années à un niveau bien supérieur tandis que les coûts d’enfouissement iront croissants.
La mise en place d’une filière REP dans le bâtiment, avec la loi Agec, vise principalement à optimiser le traitement des déchets au plus près des chantiers de construction, rénovation, réhabilitation et déconstruction, et à enrayer les dépôts sauvages de déchets du bâtiment.
La loi élargit notamment le périmètre du diagnostic « Produits, équipements, matériaux et déchets » (PEMD) au 1er janvier 2022 aux opérations de rénovation significative. Cet outil constitue une véritable carte d’identité du bâtiment, référençant les matériaux qui le composent par typologie pour permettre leur réemploi.
Le diagnostic ressources peut contribuer au développement de filières de réemploi des matériaux et produits, vers d'autres chantiers de rénovation ou de construction. Il doit aussi inclure des indications concernant les précautions de dépose, de stockage sur chantier et de transport, et prévoir les conditions techniques et économiques permettant le réemploi, la réutilisation ou la valorisation des éléments déconstruits.
Ce qui engage les acteurs de la construction dans des défis majeurs : montée en compétence pour maîtriser les outils et méthodes de diagnostic ; amélioration des processus d'achats responsables ; développement des techniques de déconstruction sélective ; traçabilité des déchets issus de la déconstruction ; qualification des performances et assurabilité des matériaux et produits de réemploi ; émergence de nouvelles filières dans les territoires pour réinventer des circuits courts de la matière privilégiant le réemploi/recyclage local.
Autant de défis qui invitent à innover, expérimenter et partager de nouvelles pratiques. Exemples portés par des bailleurs sociaux :
Réduire les déchets ménagers
Les ménages produisent 9% de l'ensemble des déchets en France. Nous jetons encore 47 % de nos déchets dans la poubelle grise (déchets en mélange) tandis que 80% de la poubelle grise pourraient être orientés vers la valorisation matière.
Des outils réglementaires (loi TECV puis loi Agec) sont mis en place pour améliorer collectivement cette revalorisation des déchets ménagers. Il s'agit notamment de rendre le tri plus efficace, de favoriser le réemploi solidaire, de faciliter la réparation et lutter contre l'obsolescence programmée. Concernant les consignes de tri, elles doivent être étendues (fin 2022) et la collecte séparée des biodéchets doit être généralisée d'ici à fin 2023.
La prévention est une priorité quand on sait que des actions simples représentent des leviers efficaces pour réduire les déchets ménagers. Le saviez-vous ?
- Un simple composteur ou lombricomposteur permet de réduire de 160 kg par habitant et par an le poids de nos poubelles.
- Si chaque ménage français avait la possibilité d’augmenter d’un an la durée d’usage de ses équipements, l’économie totale réalisée serait de 27 milliards d’euros et 6 millions de tonnes eq. CO2 d’émissions de gaz à effet de serre !
A titre d'illustration, voici des initiatives de bailleurs sociaux mobilisés aux côtés des locataires pour une meilleure gestion des déchets :
Et aussi...
Gestion des déchets : on continue d'en parler, on continue d'agir !
Les déchets issus des activités économiques hors BTP représentent 21% des déchets en France.
Le saviez-vous ? Chaque salarié du secteur tertiaire consomme 120 à 140 kg de déchets par an, dont 60 kg de papier (24 ramettes).
Depuis le 1er juillet 2016, les entreprises, commerces, collectivités et administrations ont l’obligation de trier à la source et de valoriser cinq flux de déchets : papier/carton, métal, plastique, verre et bois.
Cela concerne les organismes hlm. ethis reviendra sur ce sujet pour faire le point sur les obligations et partager les bonnes pratiques, les innovations.