Projet neuf, Remiremont ©A.Com'Architectes
Dans les Vosges, à Remiremont, Vosgelis expérimente la déconstruction positive de 18 logements datant des années 1930 et mène, en lieu et place, la construction de 26 appartements et locaux tertiaires (nouvelle agence locative de Vosgelis), en favorisant le réemploi des matériaux et composants in situ. Le projet neuf vise la certification HQE avec un Profil Economie circulaire.
Contexte du projet
En 2020, Vosgelis est lauréat d'un appel à projets de la Région Grand-Est et de l’ADEME (Climaxion) dédié à la réduction et à la valorisation des déchets du BTP. Il obtient ainsi le financement d'un diagnostic ressources pour une opération de déconstruction-reconstruction, à Remiremont.
Afin de soutenir le réemploi d’un maximum de matériaux issus des logements déconstruits, notamment les éléments en bois (solives, charpente), Vosgelis accueille un doctorant de l’Enstib (2022-2025). Ses travaux concernent l'étude environnementale (ACV) du bâtiment intégrant des éléments de réemploi et plus particulièrement, la re-caractérisation d’éléments bois afin de les réemployer dans un usage structurel (il s'agit d'obtenir une FDES personnalisée pour chacun de ces éléments, les FDES d’éléments de réemploi n’existant pas actuellement).
Un diagnostic ressources consolidé
En 2020-2021, grâce au travail complémentaire des acteurs partenaires du projet, Pôle Fibres-Energivie, Upcyclea et A.Com'Architectes, Vosgelis réalise un diagnostic-ressources qui va au-delà des obligations réglementaires (PEMD).
Celui-ci identifie le potentiel de réemploi des matériaux non dangereux, issus de la déconstruction, et flèche leurs débouchés, élément par élément, en 3 catégories :
- Réemploi dans le futur bâtiment neuf in situ
ex : moellons, tuiles, solives, une petite partie des fenêtres et portes - Don à des associations pour réemploi local
ex : planchers, voligeage, escaliers, charpente - Vente à des filières de réemploi ou recyclage
ex : une grande partie des fenêtres et portes
Le restant est mis à la benne.
Bâtiment existant, Remiremont ©A.Com'Architectes
RDC
R+1
R+3
Exemples d'illustration des débouchés par élément : vert : ouvrage réemployé in situ pour le futur bâtiment (vert clair : stockage in situ / vert foncé : stockage ex-situ) ; orange : ouvrage envoyé en ressourcerie/association ; gris : ouvrage envoyé en filière de réemploi / recyclage ou en déchetterie (©A.Com'Architectes)
Vérifier la performance
Le réemploi des solives fait l'objet d'une étude en particulier. Vosgelis a mis en place un protocole de test avec le laboratoire du Lermab et est accompagné techniquement dans cette démarche par l’entreprise Crittbois. Il s'agit de vérifier les performances de ces composants en bois, en vue d'un usage en planchers structurels dans le nouveau bâtiment. Objectif : apporter la preuve de leurs caractéristiques techniques aux bureaux de contrôle et aux assureurs, ainsi qu’aux entreprises de chantier.
Ce protocole prévoit :
- des essais vibratoire, sonore et mécanique en laboratoire sur un panel de solives, suivis d’une confrontation des résultats entre les différentes méthodes. Ceci afin de vérifier l’efficience/la robustesse du test vibratoire qui a l’avantage d’être non destructif, et c'est indispensable pour réemployer la ressource.
- après déconstruction, réalisation in situ du test vibratoire sur toutes les solives pour réaliser un premier tri de celles-ci en matière de solidité, puis d’un test d’effort afin de garantir la classe mécanique de l’élément bois.
En complément, Vosgelis définit un mode opératoire pour la déconstruction et le transport des solives en particulier, afin d'éviter leur dégradation (le bâtiment déconstruit à 100 ans !). Ce cahier des charges restera ouvert aux propositions des entreprises.
Adapter les marchés de travaux
Dans le cadre de la consultation des entreprises, Vosgelis prévoit une note technique dédiée au réemploi des déchets issus de la déconstruction, et à la gestion des déchets issus de la construction neuve.
La note d'évaluation des candidats sera répartie 50% sur le prix et 50% sur la performance. Sur le plan technique, le critère de choix des entreprises de déconstruction et de construction reposera sur leur capacité à challenger les propositions de Vosgelis pour optimiser la réduction des déchets.
Perspectives
- En 2022, finaliser les tests de performance
D'après les tests vibratoires, les 2/3 des solives sont réemployables dans le nouveau bâtiment. Il faut désormais conforter ces prévisions avec la finalisation des tests, prévue d'ici à fin d'année. La conception du bâtiment a dans tous les cas, prévu un nombre plus important de solives que nécessaire, afin de renforcer la solidité structurelle de l’ensemble. - En 2023, lancer les marchés de travaux avec clauses spécifiques dédiées à l'optimisation des déchets.
- Enjeu à terme : soutenir l'intégration des pratiques de réemploi chez Vosgelis en s'appuyant sur les travaux de thèse du doctorant de l’Enstib. Celle-ci a vocation à permettre la création d’un outil traitant différents aspects tels que : le diagnostic ressources (PEMD), l’Analyse de Cycle de Vie (ACV) à l'échelle matériau/composant, les Fiches Déclaratives Environnementales et Sanitaires (FDES) propre à un élément de réemploi.
- A terme aussi : soutenir le développement de nouvelles filières locales dédiées au réemploi, qui sont moins matures que celles du recyclage.