La Fresque de l’Habitat Responsable invite les organismes de logement social, directions et équipes, à discuter constats et solutions pour développer un habitat social adapté et résilient face au dérèglement climatique. En atelier, cette fresque collaborative permet de partager une vision globale des enjeux et une énergie collective mais aussi des pistes d'action et des outils concrets pour nous guider dans notre activité au quotidien.
Publié le 13 mai 2024
On en parle avec leurs conceptrices : Pauline Dumontier, Déléguée Générale du réseau Canopée, et sa collègue Giulia Aurrand Lions, cheffe de projet. Canopée réunit 6 bailleurs sociaux implantés dans la Somme, l’Oise, l’Aisne et la Marne.
Comment est née l’idée ?
Pauline Dumontier : L’idée est venue l’été dernier, suite à une rencontre avec les référents RSE du réseau Canopée. Ils cherchaient un outil pour renforcer la sensibilisation de leurs collègues aux enjeux climatiques. Or Giulia et moi avions participé à un atelier de la Fresque du Climat. Cette approche collaborative et riche nous a beaucoup appris. En même temps, on a pris une claque ! Personnellement, après cet atelier, je me suis sentie comme une petite fourmi face aux immenses défis du dérèglement climatique.
Nos discussions avec les bailleurs de Canopée ont permis de clarifier un double objectif : sensibiliser et aider à se projeter dans l’action. De là, nous nous sommes inspirées de la Fresque du Climat pour concevoir une fresque spécifique à notre secteur, l’habitat social, et qui intègre un volet solutions.
Giulia Aurrand Lions : En effet, compte-tenu des enjeux liés au bâtiment, il est demandé, à juste titre, beaucoup d’efforts au secteur de la construction et de l’immobilier. Il est important que les collaborateurs des bailleurs sociaux prennent conscience de là où se jouent leurs impacts - béton de ciment, chauffage au gaz… - et des leviers d’action dont ils disposent.
Pari gagné si l’on en croit les témoignages des participants : « L’équilibre est bien dosé entre compréhension des enjeux globaux et partage des sujets qui nous concernent en tant que bailleurs » ; « Je prends conscience que j’ai encore plus d’impact en tant que professionnelle qu’à titre personnel ».
Avez-vous des exemples de spécificités de votre fresque ?
Pauline : Dans la première partie de l’atelier, qui concerne les problèmes, nous avons illustré les risques liés au dérèglement climatique en fonction de nos territoires, avec par exemple des projections sur la montée des eaux en Baie de Somme.
Dans la seconde partie, nous partageons des solutions concrètes, proches de nos réalités, visant à faire réagir les participants et faciliter le passage à l’action, pour tous services dans les organismes.
Giulia : Les solutions d’atténuation (réduction de l’impact Carbone) ne se limitent pas à la construction et à l’exploitation des bâtiments. Nous avons intégré des enjeux de gestion locative, comme la nécessité d’optimiser l’occupation des logements en traitant la vacance et la sous-occupation, ou les pistes pour faciliter le rapprochement domicile-travail.
Pauline : La fresque comporte également des solutions d’adaptation pour réduire la vulnérabilité des bailleurs face aux risques. L’enjeu est de préserver les conditions de vie des habitants, dans la continuité de notre mission sociale.
Giulia : Enfin, nous proposons des cartes dédiées aux solutions organisationnelles pour aider la transformation des organismes (financements, formations, plans de gestion des risques climat…).
Ce qu’en disent les participants : « C’est agréable de phosphorer sur des enjeux vitaux », « La fresque permet de relier des choses qu’on connaît par ailleurs, de manière parcellaire ».
Ce fut un travail titanesque…
Giulia : Oui en effet, on s’est plongées dedans, sans compter nos heures.
Pauline : Nous nous sommes également associées à des partenaires spécialisés dans la construction durable et/ou le logement social : CD2E, Aatiko, DELPHIS et DEL&COOP’. Nous avons testé la Fresque de l’Habitat Responsable avec eux pour vérifier les aspects techniques et pédagogiques. Nous avons aussi expérimenté la version finalisée avec Habitat Réuni. En matière d’animation, nous avons pu affiner le dispositif pour mieux partager les clés de compréhension et stimuler l’intelligence collective.
Giulia : Nous nous sommes aussi formées à la facilitation pour aider les gens à interagir. Cela nous a ouvert à d’autres façons de faire, qui rendent les échanges plus ludiques et dynamiques.
Quel format privilégiez-vous aujourd’hui ?
Pauline : La Fresque de l’Habitat Responsable peut s’organiser avec un animateur pour 10 personnes maximum en 3h30 sur une demi-journée, ou bien sur une journée. Elle inclut alors des temps supplémentaires pour digérer l’information.
Giulia : Nous avons désormais animé la Fresque auprès d’une centaine de collaborateurs des bailleurs Canopée, et nos partenaires sont prêts à la déployer au-delà de notre territoire.
La Fresque de l’Habitat Responsable s’adresse à tous les acteurs de l’habitat social ?
Pauline : Notre fresque complète les fresques actuelles. La Fresque du Climat est généraliste et s’adresse à tous publics. La Fresque de la Construction et la Fresque de l’OID sont sans doute plus adaptées aux maîtrises d’ouvrage. La Fresque de l’Habitat Responsable, quant à elle, peut convenir à tous les métiers d’un bailleur social. C’est aussi le cas de la Fresque du Logement Social d’HTC, également spécifique à notre secteur et qui présente une approche plus globale autour des challenges sociaux, environnementaux et économiques du monde HLM, alors que notre fresque insiste davantage sur les défis climatiques.
Face à l’urgence climatique, aux nécessités cruciales d’inscrire nos activités dans les limites planétaires, nous avons toutes et tous besoin de trouver notre chemin pour mieux agir. La Fresque de l’Habitat Responsable en est un. Nous la partageons dans une logique d’open innovation pour encourager toutes les initiatives et restons ouverts à toute demande de personnalisation selon le territoire concerné.